vendredi 6 juillet 2012

4 juillet: Neiden - Varangerbotn (6km à l'Est)

2509,4km en 128h27. Phrase du jour: "Défi: coupe ton téléphone une journée entière. Comme on respire!"
Ce que j'en pense: partez avec votre vélo dans le grand Nord... le téléphone est pratiquement muet, et du coup, chaque SMS vous fait énormément plaisir!

Durant cette nuit, j'ai du prêter main forte à ma tente qui a souffert du vent et de la pluie qui se sont unis contre elle. À deux contre deux, nous avons tenu bont et j'ai même pu dormir un peu. À 6:30, le réveil m'a tiré de mon sommeil, à 6:45, je me suis décidé de manger un petit truc et de paqueter mon matos pour reprendre la route vers 7:45. Mon objectif était de rejoindre Varangerbotn (env 80km) pour y faire ma pause de midi pour ensuite poursuivre ma route en direction de Vardø (le point le plus à l'est de l'Europe continentale)... Ça c'est ce que j'avais planifié.
Contre vents et marées, il n'est pas possible d'atteindre un tel but. Déjà que tout mon matériel était trempé (donc du poids supplémentaire), le vent à décider de ralentire mon rythme à 8-10km/h et de m'envoyer encore quelque nuages froids et humides en pleine gueule. Et puis, je me suis rendu compte que les élémentaires du vents et de l'eau, et bien ils ne travaillent pas tout le temps main dans la main. Il arrive même qu'ils ne sont pas d'accord. Si le vent n'a cessé de me freiner, la pluie, elle, a du se rendre compte que je cherchais effectivement à m'éloigner de la frontière russe. Elle a donc décidé de doucement fermer les vannes laissant le soin au vent de sécher ma veste. Vers 11h, peu après Bugøyfjord, j'ai mis sécher mon matériel dans le vent incessant et j'en ai profiter pour croquer un bout de pain et une plaque de choc pour reprendre des forces.
Le vent à donc décidé de rendre ma vie difficile... Même à la descente, je devais pédaler pour avancer. Et en remontant à la hauteur de Gandvik (oui, Gandvik, pas Gamvik), il m'a attaqué de côté, me forçant à mettre pied à terre 3 ou 4 fois avec des rafales impressionnantes. J'ai plié, mais pas rompu: à chaque fois, je suis remonté en selle. J'ai beaucoup apprécié ce combat et j'en ai redemandé... Mais en passant un Fjell (une montagne), j'ai vu un rideau de pluie me faire face et avancer dangereusement à ma rencontre. Là, je me suis dit que ce n'était pas du jeux. Alors moi aussi, sans hésité, je me suis jeté dans le café Sami le plus proche en attendant que l'orage passe... Et à ma plus grande surprise, il n'est jamais passé! En sortant la tête par la porte, pas de pluie, juste du vent. À l'heure actuelle où je rédige mon rapport, je ne sais toujours pas où ce rideau d'eau s'est retiré! Je pense cependant qu'il s'est ouvert pour me laisser le passage libre et sec! Untitled (ma tente qui sèche)
L'image du rideau, j'aime bien. Il s'ouvre et se referme à volonté, on peut également l'entrouvrir pour voir ce qu'il y a derrière ou juste pour montrer une partie. Et il me semble qu'en quittant le Rideau de Fer il y a deux jours, un rideau en moi s'est à nouveau entrouvert. Un rideau qui cachait quelque chose que j'avais oublié. Comme je l'ai déjà énuméré, il y a un choc important qui m'a poussé à prendre mon vélo pour parcourir à la fois l'Europe et le fond de moi-même. Ce choque a laissé mon corps pratiquement indemne, mais il a fortement perturbé mon esprit qui soufre d'une ou plusieurs profondes blessures, conscientes ou non. Je sais que je ne pourrai pas guérir complètement, mais je peux panser ces plaies pour les aider à cicatriser. Et depuis hier, j'ai senti au fond de moi-même un poids qui s'est détaché: je ne peux pas expliquer ce que c'est, mais j'ai ressenti certaines émotions que je n'avais plus eues depuis fort longtemps, comme si elles se remettaient à vivre en moi. Entre autre, la joie de me dire que je peux rentrer à la maison, sans passer par la mer noire, car j'ai envie de revoir ma famille et mes amis! Deux mois et demi sans vous voir c'est long, très long... et je sais que je ne serai pas à la maison avant trois mois et demi (mi voire fin octobre)! Untitled (maison Saba du XIXème)

Donc si aujourd'hui je n'ai pu faire que deux tiers de mon trajet quotidien, en raison du vent, et que j'ai décidé de raccourcir ma route sur le globe d'un bon tiers, j'ai parcouru en moi des milliers de kilomètres... et ce sont ces kilomètres-là qui comptent le plus pour moi!

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